I- Devenir du virus dans l'organisme.

La voie d'entrée du virus est le plus souvent une morsure ou tout autre lésion traumatique. De façon exceptionnelle, la voie aérienne peut constituer une voie d'entrée.
Le virus peut se multiplier à son point d'inoculation dans les cellules du muscle favorisant ainsi l'infection ultérieure des terminaisons nerveuses. Le neurone est la cellule de l'organisme la plus sensible au virus de la rage. Le virus va ainsi se multiplier principalement dans les neurones du cerveau. L'infection rabique a une caractéristique très particulière, la diffusion du virus dans l'organisme ne se produit pas par voie sanguine. C'est en empruntant les voies nerveuses que le virus va être transporté, dans  un premier temps à partie du point d'inoculation périphérique  vers le cerveau.  Dans une seconde étape, le virus va se multiplier très activement dans le cerveau. Dans une troisième étape le virus sera transporté du cerveau vers la périphérie, envahissant  tout le système nerveux périphérique ainsi que certains organes. Dans cette étape de multiplication virale en périphérie, il faut noter l'infection du muscle cardiaque qui est souvent le siège de lésions de myocardite, ainsi que la présence du virus dans les terminaisons nerveuses de l'oeil, de la peau. Il faut signaler le cas des glandes salivaires où l'on observe une réplication virale très importante. La production de particules virales dans les glandes salivaires permettra à l'animal infecté de transmettre la rage par morsure. Suivant les espèces, on observe des variations importantes dans le degré d'envahissement des différentes structures du cerveau.

II- Expression clinique et issue de l'infection.

Les symptômes  sont variables suivant l'espèce animale. Globalement les carnivores développent une rage dite "furieuse" ou agressive suivie d'une phase paralytique, alors que les herbivores et les rongeurs font d'emblée une rage paralytique. Les modifications comportementales sont très importantes au cours de la rage; des phases d'hyperactivité et de prostration peuvent alterner, ponctuées de périodes épileptiques pouvant conduire à une mort au cours d'une crise convulsive ou le plus souvent à la suite d'un coma.
L'atteinte du cerveau se caractérise parfois par des lésions minimes ou inapparentes, parfois par des lésions inflammatoires. La majorité des neurones montre que le virus rabique provoque des modifications des fonctions nerveuses ( métabolisme des neurotransmetteurs, activité électrique cérébrale). L'expérimentation suggère que le virus rabique serait capable d'altérer le fonctionnement cérébral et donc des fonctions "nobles" du cerveau sans nécessairement tuer les neurones.
L'altération des fonctions nerveuses permet de comprendre l'origine de l'expression clinique de la rage. Ainsi les comportements d'agressivité, d'hyperactivité, d'apathie peuvent êtres liés à des altérations du métabolisme des neurotransmetteurs impliqués dans la régulation de ces fonctions.
Dans la très grande majorité des cas, la rage se conclut par la mort après une période de maladie se situant généralement entre 5 et 10 jours. Plus rarement, une rage cliniquement exprimée peut se conclure par une guérison avec des séquelles de paralysie ou même sans aucune séquelle.
La période d'incubation est variable et dépend de facteurs multiples. Il est aujourd'hui avéré que de façon tout à fait exceptionnelle, la rage peut se développer plusieurs années après la contamination à la suite d'une agression.